Calendrier aztèque

Ici je veux vous introduire à une technique de culture peu habituelle, les chinampas. J’ai découvert ça en CCP (Cours Certifié de Permaculture), fin 2016, et un ami m’a suggéré que c’était possible chez moi.

De fait ce n’est pas une technique possible partout. Elle s’appuie sur les zones humides, milieu incroyablement dynamique et écologiquement riche.

Mais « les Bouilles », comme le prononçait une élue à propos de la zone humide de Sivens, nous apparaissent comme des milieux impropres aux activités humaines.

Pire dans la bouche de cette élue, elles peuvent devenir malsaines et malfaisantes, où vivent des bêtes affreuses, où la peste et le choléra s’attrapent à coup sûr.

Subsidence
Subsidence dans la vallée de San Joaquin Californie. Le sol est descendu de 9m de 1925 à 1977. En cause, l’exploitation des canaux aquifères !

Ceci explique pourquoi elles sont l’objet d’associations de défense de l’environnement comme le réseau Sagne dans le Tarn.

Car elles sont maltraitées. On les bétonnent, on les drainent, on fait des fossés pour les vider, on les comblent avec des polluants parfois.

On les assèchent, comme une large partie du lac Texcoco, bassin de Mexico et de la civilisation Aztèque, dont les habitants font face à des problèmes de manque d’eau et de subsidence (voir photo ci-contre), à cause du drainage profond du lac.

De plus le gouvernement mexicain essaye de faire machine arrière par une politique de retour à la cité lacustre. Plus loin, je vous explique cette disgression…

Ces zones font parfois l’objet de classement Natura 2000 ou Znieff, à la biodiversité reconnues, oasis de repos pour les migrateurs, aires de jeux pour la belle Foulque macroule, terrain de chasse de la Grande aigrette, ou bien du Héron cendré.

Présentation des chinampas

Vous me direz qu’est-ce que ça à voir avec la permaculture ? Et bien tout, car le chinampa est une solution écologique en milieu aquatique de faible profondeur, pour produire de la nourriture tout en prenant soin de notre environnement. Nous ne faisons plus partie du problème, mais de la solution. Ce système(en) ancestral de Mésoamerique né dans les eaux saumâtre du lac Texcoco justement, site actuel de Mexico, produisait des légumes et céréales et fournissait une grande partie de la nourriture aux habitants de l’ancienne capitale Aztèque Tenochtitlan.

Les aztèques savaient séparer l’eau douce de l’eau salé, et produire des denrées alimentaires en masse. Comme quoi un bon design à la base ça compte.

Il ne reste aujourd’hui que quelques confettis de cette lagune et quelques chinamperias (zones à chinampas) touristiques et productives. 700 ans après ça marche encore !

Lac Texcoco à l'arrivée des colons
En vert : chinampas. En bleu foncé : eau salée. Bleu clair : eau douce. Les lignes marrons sont des voies de communication : des ruelles-digues. la ligne verte en gras au milieu : une digue qui séparait l’eau douce pluviale, de l’eau salé du lagon.

Il s’agit donc de (re)inventer son autonomie, et de produire des supers aliments, dans une logique qui nourrit le corps et l’esprit. L’esprit c’est de remettre au goût du jour le savoir des anciens, dans un respect et une perspective mondiale permaculturelle.

Et pour de vrai de quoi il s’agit ?

Oui oui j’y viens, donc ce sont des jardins surélevés, car construits sur le fond de l’étang/lac/marais.

Chinampas maquette
Chinampas ancestrales

Ils sont fait de plusieurs couches de boue et de végétaux superposées. On implante l’ouvrage avec des piquets imputrescibles, qui vont venir clôturer l’ensemble. On les lient entre eux avec de la corde, ou autre type de lien qui ne rouille pas.

Ensuite on pose des tailles de végétaux ligneux sur le fond. Les Aztèques utilisaient des roseaux. Je pense utiliser du peuplier. On peut aussi utiliser d’autre ressources de bois, en décomposition ou non. Je pense aussi à la luzerne car elle fait de longue tiges solides.

Puis on remonte la boue des canaux ainsi créés, au milieu, en couches successives avec les branches pour obtenir une surface de culture suffisante pour marcher et planter. On vient ensuite planter sur les bords, des boutures de saules aux quatre coins de nos chinampas pour la fixer au sous-sol. Les aztèques utilisaient aussi le cyprès chauve des marais Mexicain, éviter le cyprés chauve classique, car les pneumatophores seraient un obstacle à la culture. Le saule qui était utilisé était le saule Bonpland, et peut-être le saule à feuilles d’if.

Chinampas schématiques
Woven framework= Cadre de roseaux tressés
Mud = Lit de boue et de roseaux
Willow tree = Saule

Prérequis

Une mare, étang ou lac, à fond régulier, de faible profondeur 1m maximum, suffisamment large et long, je dirais 3 à 4 m en tous sens semble être le minimum. En ce qui me concerne j’ai un bassin dont l’emprise globale fait 4800 m², oui un demi hectare !

Des piquets d’acacia, ou châtaignier en tous cas imputrescibles, du grillage ou quelque chose qui ferait une maille pour retenir la terre, je pense à du géotextile.

De la fibre végétale brute pour mailler et armer les chinampas entre les couches de boue. Ce qui est disponible sur place est le mieux. Personnellement j’essayerais le peuplier, car j’en ai beaucoup. Du roseau parait idéal, pour construire des murets imputrescibles, car tout l’enjeu est que vos lits de culture ne retournent pas au fond de votre lac.

Des boutures de saules qui n’auront aucun mal à prendre dans l’eau, et qui ont un rôle de fixation profond de l’ouvrage.

Cultures

Chinampas modernes
Chinampas modernes

Les cultures en place, n’auront pas ou peu besoin d’arrosage. Lorsque cela se fait sentir on vient tirer l’eau avec la vase du canal créé autour, et en se faisant on augmente la hauteur de notre tertre de boue. Pour cultiver on utilisait une sorte de bêche plate en bois qui s’appelait Uictli(es).

Jardin peu sensible aux gastéropodes car nos chers amis les escargots ne savent pas nager, enfin à ce qu’il parait !!

Grande fertilité due aux nutriments accumulés par les feuilles tombées au fond, ou la faune lacustre.

On peut planter du maïs bien sûr, salades, tomates, bref de tout ce qui à besoin d’eau, et sûrement un peu de riz…

Bref il y aurait encore beaucoup à dire sur les chinampas, leur intéret agricole, leur rôle politique, culturel, environnemental du Mexique actuel et pré-colombien…




Alors ça vous dit un petit chinampa ? À vos bottes, prêt, feu partez !!

Chinampas technique permaculturelle

6 avis sur « Chinampas technique permaculturelle »

  • 23 octobre 2019 à 22 h 50 min
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    Bonjour
    Intéressant. A condition de s’installer sur une zone humide. Ou peut être dans une cuvette avec une arrivée conséquente d’eau.
    A creuser …

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    • 17 janvier 2020 à 14 h 45 min
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      Bonjour Claude,
      Oui comme je le dis au début d’article

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  • 27 mars 2022 à 22 h 18 min
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    Ce serait vraiment bien ! Enfin une technique tout à fait naturelle pour lier l eau , les poissons, les cultures et la Terre !
    J’ai un terrain marécageux tous les hivers …
    Ce serait le top si j arrivais à faire ça !!!
    Existe t il des formations ?

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    • 28 mars 2022 à 21 h 52 min
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      Bonjour Estelle,
      Oui c’est vraiment magnifique comme mode de culture, il te faudrait que l’eau reste toute l’année (pluvial ?).
      Pour une formation ça se fera un jour ! Je suis encore en phase de mise en place, Mais l’expérience est validé ! Par contre c’est beaucoup d’energie à mettre en mouvement.
      Tu peux t’inscrire à la lettre d’information en bas de page du site.
      Julien

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  • 2 novembre 2022 à 12 h 04 min
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    Bonjour avez vous déjà en France créé un système de la sorte et peut on le visiter?
    Merci

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    • 12 novembre 2022 à 13 h 04 min
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      Bonjour,
      Oui chez moi j’ai mis en place un petit modèle expérimental. j’aimerais en faire d’autres plus étendu.
      Au printemps à le faveur d’une visite, il serait possible de le visiter. Inscrivez-vous à notre newsletter
      – Julien pour l’association

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